Dans quel état j’erre - par V
Vivre le présent, regarder haut et droit devant…
Me voici face à mon placard, j’ai placé un meuble devant pour m’en interdire l’accès. Mais la nostalgie aidant, je l’ouvre.
Sur les étagères de ma vie, s’alignent boîtes et dossiers, le temps enfermé, prisonnier, mes souvenirs, prêts à s’écrouler.
Les derniers objets posés là devant… L’acrostiche enflammé d’un amour impossible ; une flèche en plein cœur. Une nouvelle inachevée… qui ne deviendra jamais un « fulgure ».
Je remonte le temps. Des cours de fac. à remplir mille cervelles ; bref du vent. Une alliance dans un écrin, avec ses mots gravés « Pour la vie » ; ai-je rêvé le meilleur, vécu le pire ? Une brassière tricotée par une amie me rappelle qu’un jour ce costaud d’1m83 fut un bébé : mon fils.
J’avance dans mes fouilles. Des éperons quasi neufs, offerts par feu mes grands-parents, mais qui ne me serviront jamais plus. Quelques lettres reçues, écrites au bleu délavé d’un stylo à plume, bleu évanescent d’un amour adolescent: aurais-je dû les brûler ?
Des photos de classes, des amis de vacances : se souviennent-ils de moi, eux que je n’ai pas oubliés ?
Mes poésies d’enfant, « Poussy », « Si j’avais trente ans » ; des rêves abandonnés ? Quelques petites voitures rescapées de mes déménagements me font sourire ; je me revoie garçon manqué.
Entre présent et passé, ma collection de porte-clefs, celle de jouets Kinder® font écran et me rappellent ma merveilleuse enfance.
Et tout ça c’est moi, et ce passé-échantillons que « j’archéologise » fait mon présent. Je referme le placard.