« Mon garçon » - par V

Il l’appelle « Mon garçon ».

La première fois qu’il m’a parlé de lui, je me suis demandée qui il était. J’avais en mémoire ses premières semaines à la maternelle, pas si lointaines, où lorsque je lui demandais : « Comment s’appellent tes camarades ? »
Il me répondait : « Pierre ».
J’insistais bien sûr un peu : « Et tes autres camarades ? »
La réponse était sans appel : « Pas Pierre ! ».

Mais voilà, « Mon garçon » était le fruit de son imagination : il est apparu dans son esprit et dans notre vie lorsque mon fils avait un peu plus de 2 ans, il me semble, avec la maîtrise du langage, avec l’affirmation d’un soi indépendant.
Bien plus qu’un personnage, plus que son ami ou son frère, on pourrait parler d’un jumeau d’un autre lui-même, celui qui a le droit de tout, celui qui ne connaît pas d’interdiction : « Mon garçon » fait les 400 coups et est le plus fort !

Très vite, j’ai accepté la présence de cet être imaginaire qui était sans aucun doute possible une projection de ses désirs d’enfant, celui par lequel il assouvissait ses rêves. Comme par un jeu de miroir « Mon garçon » permettait de mieux comprendre les désirs de mon fils.
Pas difficile de comprendre que « Mon garçon » fait partie de son exploration du monde. Il l’aide à se connaître et à trouver son identité. En plus, il lui permet de dire à Papa et Maman tout ce qu’il a sur le cœur !

Enfant à deux visages qui pour autant ne craint pas le dédoublement de personnalité !
En dehors de quelques cours de psycho suivit pendant mes études, cette situation me rappelait celle du cousin de Maman qui avait eu dans son enfance « Mon copain Roger ». Mieux encore, elle me remettait en mémoire cet excellent film américain que j’avais beaucoup aimé : « Harvey » avec dans le rôle principal d’Elwood, qui a pour copain imaginaire un gros lapin de presque deux mètres, James Stewart.

Malgré tout, à l’accompagner partout et avoir réponse à tout, « Mon garçon » m’agaçait parfois un peu… voire beaucoup !
Tout le temps où sévit « Mon garçon », mon fils fût fasciné par son ombre… Lorsqu’il courrait, faisait du vélo, c’était son ombre qu’il regardait et pas la route !
Lorsqu’il prit ses premières photo… son ombre fût son sujet préféré.

Un jour « Mon garçon » disparut comme il était apparu… sans prévenir.
Son ombre, elle, est restée…

Comments

[Vanina]

Et bien: non! Il ne s'en souvient pas!
Il était vraiment petiot; ça ne m'étonne pas en fait qu'il ait oublié.
Sourire
Vanina

[Vanina]

... pour ce très agréable commentaire qui nous fait part de ta visite chez nous.
Je vais essayer de trouver "Trouble jeu", je ne connais pas et je suis curieuse...
Les histoires de "double" m'interpellent toujours!
Sourire
Vanina (et JF

[dourvac'h]

Je ne crois pas me souvenir que nos enfants aient eu un ami imaginaire... par contre, Paul (notre cadet) m'a fait découvrir un film assez angoissant "à ami imaginaire" : "Trouble Jeu", film au suspense psychologique très réussi (une fillette solitaire dans une maison à la campagne, avec son père psychologue et veuf, joué par Robert De Niro...).

Ton récit est merveilleusement conté, chère Vanina ! Je l'ai aussi beaucoup beaucoup aimé...

Et merci de ta visite ! Amitié à tous les deux... et vous êtes bien jolis en autoportraits derrière ce "chef d'oeuvre autochrome" nickelé d'art contemp', là-haut......

[Vanina]

... tu saurais tout aussi bien que moi, mais à ta façon avec tes mots/rythme et tes vers libres. Juste une translation de l'amour sensuel à l'amour maternel...
Sourire
Vanina

[Elle]

Je ne saurai pas aussi bien raconter que toi ...mais peut être un jour .....:)
Biz d'elle