Océan, reflet du ciel - par V
Un coquillage porté à l’oreille m’a murmuré son secret,
Connu de la marée qui le lui chanta un jour,
Entendu de cette vague qui le lui souffla du « de profondis ».
Lame sourde qui fait jaillir larme de plaisir au creux abyssal,
Ivresse des sens, arôme sauvage.
Comme une marée montante,
Par une blanche nuit de braise, vivre aux rythmes des rafales du vent et de l’océan.
Vague d’écume,
Voix de brume,
Le plaisir, hume.
Libérant ta voile, pécheur à la drague, larguant l’amarre,
Les anges étaient là, à cette première heure.
La caresse du vent, dans un souffle, tatouant leurs peaux,
Leurs corps ondulant dans des espaces vierges,
Eau clair et pure de son regard vert, qui annonce l’O sans fin.
Insondable gouffre liquide aux muscles soulevés depuis les profondeurs inconnues,
Trésor englouti,
Joute du farouche vent accouplé aux brisants,
L’embarcation, aspirée, fend l’eau en corolle de lys, laboure l’onde,
La nef se cambre, arrive.
Houle profonde,
Voix qui gronde,
Un nouveau monde.
Enivrés du soleil, senteur iodée,
La voilure s’est gonflée, le bois a gémi,
Majesté du geste puis abandon,
Lui le grand mât, se retire, comme sur une mer assagie.
Arc-en-ciel du rivage,
Voix qui se fait sage,
Et redescend des nuages.