Nostalgie - par V
Saint-Vincent respire la liberté de mon enfance.
Tout y semblait possible lors de nos vagabondages diurnes ou de nos explorations nocturnes, faussement secrètes, sur la dune ou la plage. J’aimais marcher le long de ses baies, des heures durant, en regardant l’horizon, ou en observant le sable humide, pour y trouver les plus beaux, mais surtout les plus petits coquillages. J’ai encore, dans un tiroir, un petit pot rempli de ces trouvailles…
Aujourd’hui lorsque je traverse le village, avant d’arriver sur le chemin qui, je l’espère, ne s’appellera jamais route, je sens le poids des choses perdues. Je n’oublierai ni les champs de colza, ni ceux de luzerne où nous jouions à cache-cache. Je garderai l’image des champs de blé tachetés de coquelicots rouges. Malheureusement j’y ai vu pousser des lotissements et j’ai peur que les quelques champs encore préservés, qui ne servent plus qu’au maïs, disparaissent eux aussi un jour.
Mais, lorsque j’arrive en fin d’après-midi, lorsqu’on ne sait plus si c’est encore le jour ou déjà la nuit, j’ai l’impression que tout le jardin se rassemble autour du bruit et de l’odeur de la mer. L’hiver, souvent houleuse, elle fait se heurter les galets dans un bruit de tonnerre qui m’apaise. Parfois le cri d’une mouette, transporté par le vent, s’y mêle. Dans le soir humide, les aiguilles de pin répandent une délicieuse odeur qui se mêle à celle des tamaris et de la terre sablonneuse.
Je retrouve en sortant de ma voiture le plaisir simple de respirer.