A provoc, provoc « ennemie » ! - par V
Au lycée, en classe de seconde, j’étais une élève de quinze ans, timide et à la fois extravertie, bonne élève et amie des cancres, j’avais tendance à me faire remarquer dans des éclats mêlant bonne humeur, originalité et un peu de maladresse.
Dans la salle de cours de français, j’avais l’habitude de m’installer sur le côté, près de la porte de sortie, juste derrière une colonne protectrice… Je profitais de cette bonne « planque » pour faire rire mes copains et Marie-Christine.
Et les autres filles, me direz-vous ? Bien trop sages et souvent trop « minettes » pour moi !
Notre professeur, une maîtresse femme, enseignait aussi le théâtre, un atelier auquel j’aimais participer. Un jour, n'y tenant plus de nous entendre rire, elle m'interpella d’un ton sec :
« Vanina ! »
M’étant penchée à l’appel de mon prénom, son regard sévère plongea dans mes yeux intimidés, elle continua :
« Toi et ton HAREM : cessez !
Demain, je te veux devant moi, là, au premier rang. »
Forte de son autorité, elle accompagna son affirmation, d’un doigt pointé sur la table juste devant elle, savourant sa victoire : j’étais rouge de confusion, muette…
Le lendemain, sous son regard implacable, je m’exécutai, et vins m’asseoir au premier rang...
C’est alors que mes yeux se mirent à pétiller et qu’un large sourire illumina mon visage ; tous les garçons de la classe, s’installèrent autour de moi pour me soutenir de leur présence amicale. Et toutes les filles furent reléguées au fond, malgré leurs protestations.
Notre prof, bien aimée, qui aujourd’hui encore est mon amie, fut bien étonnée de cette solidarité, qu’elle souligna en s’avouant vaincue.
Plus jamais elle n'exigea de m'avoir au premier rang, et par respect, nos rires furent plus discrets…